SYSTÈME D’INFORMATION STATISTIQUE DE L’ÉDUCATION AUX COMORES : « DISPOSITIFS DE COLLECTE, POTENTIALITÉS, CONTRAINTES ET PERSPECTIVES »
L’Union des Comores est située dans le canal du Mozambique, entre Madagascar et l’Afrique.
Son administration s’étend sur 3 îles d’une superficie totale de 2236 km²: Grande Comore où se trouve la capitale Moroni, Anjouan et Mohéli. Grande Comore se trouve à 85 kilomètres de Mohéli, elle-même à 75 kilomètres d’Anjouan.
L’Archipel des Comores est historiquement une terre d’invasion du fait de son emplacement stratégique entre Madagascar, la route des Indes et la mer Rouge.
La population est estimée à environ 800 000 habitants. Elle est très jeune, 40 % de la population a moins de 15 ans. Le taux de fécondité est l’un des plus élevé du monde avec 4,3 enfants par femme. L’île la plus densément peuplé est Anjouan avec 517 habitants par km², Grande Comore avec 240 habitants par km² et enfin Mohéli avec 99 habitants par km².La croissance démographique en Union des Comores est relativement forte au vue des statistiques qui attestent d’une progression de 2,90% entre 1980 et 2010 (RESEN 2012)[1]. Tenant compte de cette croissance démographique, les Comores doivent se préparer pour assurer la scolarisation des enfants.
Le Produit intérieur Brut de l’Union des Comores est de 659 millions de dollar (chiffre de 2017) et occupe la 132ème place sur 177 pays avec un revenu de 465 dollars par habitant. L’activité est pour plus de la moitié agricole et les seuls produits d’exportation sont agricoles pour 18 millions de dollars en 2017. En 2017 la dette publique est de 223 % du PIB (RESEN 2012).
Le régime est présidentiel qui est «un régime politique respectant les principes de séparation des pouvoirs et caractérisé par la non-responsabilité de l’exécutif devant le législatif et l’interdiction de dissolution du législatif par l’exécutif». La langue officielle dans le cadre des activités de l’administration est le français.
Le système éducatif comorien est organisé structurellement sur la base de la Loi N°94-035/AF[2] portant orientation sur l’éducation. Ce système est composé de : l’enseignement préélémentaire niveaux 1 et 2 qui cible les enfants de 4 à 5 ans ; le cycle primaire, dont l’âge de fréquentation est la classe d’âges 6-11 ans, dure six années sanctionnées par le diplôme de Fin d’Études Élémentaires (DFEE) ; le collège a une durée de 4 années, et concerne théoriquement la population des 12-15 ans. L’accès au collège est contingenté par l’admission préalable à un examen national d’entrée en sixième. Il s’achève au terme de quatre années par le BEPC et le lycée dure trois années, de la classe de 2nde à celle de terminale, et comprend des filières généralistes, littéraire (séries A1, A2 et A4), scientifique (séries C et D) et techniques, gestion (série G), industriel (STI) et Génie civil (STC). En guise de mémoire, des données statistiques de 2017 sont déclinées ainsi:
Tableau 01 : Répartition et proportion des effectifs élèves par sous secteur
| Effectif des élèves | Public | % | Privés | % | commu-nautaire | % | Total |
| Effectif élèves/ Préélémentaire | 7629 | 5,53% | 5394 | 10,42% | 897 | 07,04% | 13920 |
| Effectif élèves/ Primaire | 98642 | 71,50% | 18561 | 35,87% | 4314 | 33,88% | 121517 |
| Effectif élèves/Collège | 23550 | 17,07% | 15953 | 30,83% | 4989 | 39,18% | 44492 |
| Effectif élèves/lycée | 8146 | 5,90% | 11838 | 22,88% | 2535 | 19,91% | 22519 |
| Total | 137967 | 100,00% | 51746 | 100,00% | 12735 | 100,00% | 202448 |
Source : Annuaire statistiques 2016/2017
Il ressort de ce tableau qu’au niveau préélémentaire les établissements privés et communautaire dominent le les établissements publics avec des proportions de 10,42% et 07,04% contre 05,53%.
Au niveau du primaire, en revanche ce sont les établissements publics qui l’emportent (71,50%) devant les privés (35,87%) et les établissements communautaires (33,88%).
En ce qui concerne les collèges ce sont les établissements communautaires qui dominent (39,18%), suivis des privés (30,83%) et enfin le public avec 17,07% des effectifs.
Ce même phénomène s’observe au lycée mais avec une dominance des privés 22,88% suivis des établissements communautaires 19,91% et 05,90% pour le public.
Cette situation doit interpeller les autorités du système éducatif comorien car on constate un désintéressement des parents d’envoyer leurs enfants dans le public au niveau secondaire. Et selon nos entretiens avec des parents, parmi les facteurs clés, figurent les résultats des examens scolaires qui sont meilleurs au niveau des privés et communautaires.
Pour ce qui est des effectifs des établissements et les enseignants au niveau du préscolaire, le tableau 02 ci-dessous illustre ses repartions.
Tableau 02 : Répartition des établissements et enseignants par statut au niveau préélémentaire
| Préélémentaire | ||
| Statut au niveau national | Nombre d’établissements | Effectif enseignants |
| Ensemble | 310 | 465 |
| % Public | 60,00% | 50,50% |
Source : Annuaire statistiques 2016/2017
Il ressort de ce tableau qu’au niveau préélémentaire dans l’ensemble des trois Îles, les établissements publics représentent 60,00% dans ce sous-secteur et les enseignants 50,50% des effectifs. Cette situation vient du fait qu’auparavant, le préélémentaire était axé sur le modèle occidental (école maternelle privée). Mais avec l’évolution du temps et les besoins de scolarisation des enfants, en lien avec le Ministère de l’Education Nationale, a mis en place une politique d’intégration du préscolaire dans les établissements publics qui s’aligne avec la politique mondiale en faveur de l’éducation (Conférence de Jomtien 1990 et Dakar en 2000[3]) pour l’Education Pour Tous. Donc ces enseignants sont des fonctionnaires recrutés par le Ministère de l’Education Nationale.
Pour ce qui est du sous-secteur élémentaire, le tableau 03 ci-dessous illustre la répartition des établissements et enseignants par statut.
Tableau 03 : Répartition des établissements et enseignants par statut
au niveau élémentaire
| Elémentaire | ||||
| Statut au niveau national | Nombre d’établissements | % du public | Effectif enseignants | % des enseignants |
| Public | 359 | 65,51% | 3257 | 73,97% |
| Privé | 159 | 29,01% | 911 | 20,69% |
| Communautaire | 30 | 05,47% | 235 | 05,34% |
| Total | 548 | 100,00% | 4403 | 100,00% |
Source : Annuaire statistiques 2016/2017
Au niveau du primaire, il ressort du 03, les établissements publics représentent 65,51% des effectifs des établissements contre 29,01% des privés et 05,47% des établissements communautaires. Pour ce qui est des enseignants, le public l’emporte (73,97%) devant les privés (20,69%) et les établissements communautaires (05,34%).
On constate une dominance des établissements publics dans l’ensemble du territoire qui est due du fait que dans chaque localité, il y a une école primaire publique.
En ce qui concerne le collège, la réparation et les proportions sont illustrées dans le tableau 04 ci-dessous.
Tableau 04 : Répartition des établissements et enseignants par statut
au niveau collège
| Collège | ||||
| Statut au niveau national | Nombre d’établissements | % du public | Effectif enseignants | % des enseignants |
| Public | 65 | 23,72% | 1369 | 31,16% |
| Privé | 168 | 61,31% | 2399 | 54,60% |
| Communautaire | 41 | 14,96% | 626 | 14,25% |
| Total | 274 | 100,00% | 4394 | 100,00% |
L’analyse de ce tableau montre que les établissements publics représentent 23,72% des effectifs du Pays, les privés sont à 61,31% et les établissements communautaires ont une proportion de 14,96%. Pour les enseignants, le public utilise 31,16%, le privé 54,60% et le communautaire 14,25%. On constate ici une migration nette des élèves du public vers le privé et le communautaire. Et pour les enseignants le public est à 31,16%, le privé à 54,60% et le communautaire à 14,25%.
Ce même phénomène s’observe au lycée (tableau 05) dont le public représente 14,71% des effectifs des établissements du pays et utilise 21,61% des enseignants. Le privé représente 69,12% et utilise 63,27% des enseignants et les établissements communautaires représentent 16,18% et utilisent 15,13% des enseignants.
Tableau 05 : Répartition des établissements et enseignants par statut
au niveau lycée
| Lycée | ||||
| Statut au niveau national | Nombre d’établissements | % du public | Effectif enseignants | % des enseignants |
| Public | 30 | 14,71% | 720 | 21,61% |
| Privé | 141 | 69,12% | 2108 | 63,27% |
| Communautaire | 33 | 16,18% | 504 | 15,13% |
| Total | 204 | 100,00% | 3332 | 100,00% |
Cette situation ne fait qu’augmenter la création des établissements privés sans aucun contrôle du Ministère. Or, selon le modèle de simulation financière validé par le Ministère lors de l’élaboration du Rapport d’Etat du Système Educatif National (RESEN)[4], il faut stabiliser les effectifs élèves du primaire jusqu’à 13% de l’effectif total. Mais au vu de ce qui précède, on constate des difficultés dans la mise en œuvre des politiques éducatives du Pays. C’est ainsi qu’il faut creuser pour identifier les freins de cette situation.
Ce constat doit interpeller les autorités du système éducatif comorien car on tend vers la disparition du secondaire public. Ce phénomène pourrait entraîner des licenciements des enseignants qui ne tiennent pas des classes dont la conséquence néfaste est la grève répétitive de l’intersyndical des enseignants qui nuit la qualité des enseignements et apprentissages.
Le dispositif d’enseignement supérieur est principalement représenté par l’Université des Comores, qui offre différentes filières d’études réparties entre 4 facultés et 3 instituts et écoles.
Il est à noter par ailleurs, que pour pouvoir assurer les politiques éducatives et les objectifs attendus pour chaque niveau d’enseignement, il est souhaitable de disposer des données statistiques fiables pour chaque niveau d’enseignement.
C’est ainsi que notre contribution est déclinée par les volets suivants: notion de système d’information statistique, ses mécanismes , son application a l’éducation d’une part et d’autre part il sera relaté le processus de collecte, de traitement, d’analyse, de la fiabilité des données, de la diffusion de l’information, des besoins en information et enfin les principaux utilisateurs et les constats et suggestions des résultats des enquêtes réalisées suivi des discussions relatives aux dites enquêtes et une conclusion bouclera notre contribution.
Par ALI Attoumani
- [1] MENERCAJS. «Rapport d’Etat du Système Educatif National». Moroni 2012. pp.13-23.
- [2] Loi n° 94-035/AF du 20 décembre 1994, promulguée par le décret n° 95 – 012/PR du 20 janvier 1995, portant orientation sur l’éducation.
- Cette loi d’orientation définit les grandes orientations et directives de l’éducation aux Comores.
- [3] MENESR. «Plan National d’Action de l’Education Pour Tous à l’horizon 2015 (PNA/EPT)». Moroni 2004. pp.9-10, pp. 18-45.
- [4] MENERCAJS. «Rapport d’Etat du Système Educatif National». Moroni 2012. pp.13-23.
